Cadillac Zack
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

 

Zack, pour commencer cet entretien, peux-tu me donner les origines de ton pseudonyme ?
J’ai choisi ce pseudonyme pour plusieurs raisons…
Rien que pour le terme « Cadillac » je pourrais te donner de nombreux motifs et ma réponse serait très longue. Je vis à Los Angeles où il m’arrive souvent, voir tous les jours, de conduire sur une voie qui se nomme Cadillac Street. De surcroît, cette rue est devenue un lieu incontournable pour pas mal de groupes qui y font des jams sessions consacrées au Blues.

Cela vient aussi du fait qu’il y avait une coutume à Chicago, dans les années 1960, qui  était de donner  aux bébés, qui avaient des caractères faciles, le surnom de « Cadillac Baby » (de nombreux bluesmen ont aussi employé ce terme comme titre d’une de leurs chansons, comme Roy Brown, Sunnyland Slim, Eddie Boyd et jusqu’au canadien Colin James, Nda).

Comme c’était une expression très employée dans le « South Side », un quartier de cette ville considérée comme la Mecque du Blues, je me suis dit « OK, je vais choisir ce nom qui colle parfaitement à mon univers et qui se marie très bien à mon prénom ».
 
Peux-tu revenir sur tes origines ?
Je suis, en fait, originaire de Boston Massachusetts où j’ai vécu quelques temps. J’ai commencé à jouer de la guitare, de façon sérieuse et régulière, à l’âge de 19 ans. Deux ans plus tard, je suis parti poursuivre mes études à Chicago.

De ce fait je suis, naturellement, rentré en contacts avec des Bluesmen tels que Magic Slim ou John Primer. Il est d’ailleurs difficile de ne pas pouvoir admirer John Primer lorsque l’ont vit à Chicago. A titre personnel, je n’arrêtais pas de surveiller ses mains quand il jouait. De surcroît, à cette époque, John se produisait tous les mardis soirs dans un Club de Blues nommé « B.L.U.E.S etc. ».
J’y avais pris mes habitudes avec 2 ou 3 autres personnes…

La route du professionnalisme a-t-elle été longue pour toi ?
Mes débuts, en tant que musicien professionnel, ne remontent pas à si longtemps que ça…
Ce devait être aux alentours de l’année 2003 alors que je travaillais pour une chaîne de télévision de Los Angeles en tant qu’auteur (Zack qui avait fait des études et rêvais d‘être réalisateur de cinéma a tout lâché pour le Blues, Nda).

J’avais, cependant, gardé des contacts avec des groupes du South Side de Chicago et un jour j’ai décidé de me lancer pleinement dans ma passion. C’était il y a 5 ans…

C’est donc du Chicago Blues que tu te sens le plus proche ?
Oui, mon Blues est très pur et essaye de remonter aux sources. Je m’inspire, en fait, beaucoup du Blues « West Side » de Chicago des années 1963 à 1975...
C’est un genre vraiment très spécifique, qui possède de nombreuses particularités et qui est très différent de tous les autres. On peut s’en rendre compte en écoutant le travail qu’a effectué Magic Sam tout au long de sa vie. Si c’est souvent à lui que l’on pense lorsque l’on parle de cette musique, il ne faut pas oublier que beaucoup de musiciens l’on fait évoluer, Johnny Littlejohn par exemple…

Je suis guitariste rythmique et j’aime quand les deux guitaristes d’un groupe sont mis en valeur comme on peut l’entendre sur des disques phares du label MCM/Storyville. Un style de musique que des labels français comme Isabel Records ou Black and Blue ont parfaitement su mettre en valeur.
Cette musique a vraiment été une influence primordiale pour moi et mon groupe

Actuellement, tu travailles avec Elmore James Jr. Cela représente-t-il quelque chose de particulier pour toi ?
Elmore est considéré comme un bluesman assez obscur…
J’ai vu et rencontré de nombreux artistes. Il y a quelques temps, je portais davantage mes recherches vers les musiciens plus rares. Ceux que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu. Je tenais vraiment à en rencontrer un maximum.

Un jour j’ai vu son nom dans un numéro du « Chicago Reader » (journaux spécialisés dans les sorties culturelles, Nda), cela remonte à 5 ou 10 ans…
Dans ce journal, il figurait sur une liste d’artistes qui devaient se produire dans un Club de la ville. J’y suis allé mais malheureusement, pour diverses raisons, il n’est jamais venu (rires).

Finalement j’ai enfin pu le voir et lui parler, en décembre 2005, dans le « South Side » où il se produisait. Il est venu chez moi en Californie et je suis devenu son manager et producteur.

J’ai réalisé son dernier album que le label anglais JSP a distribué. Nous tournons actuellement pour promouvoir ce disque (« Daddy Gave Me The Blues », Nda)…

Quel type de public rencontrez-vous le plus dans vos concerts aux USA ?
Pour parler de la situation du Blues aux USA, il faut avouer que le public de cette musique est, en général, vieillissant.  Cependant je pense qu’il y a un circuit de « groupes de jams » qui est assez dynamique et qui a un beau potentiel devant lui. Les jeunes aimeraient en savoir plus mais la conjoncture actuelle ne leur permet pas de découvrir cette musique.

En effet, dans une ville comme Los Angeles, il y a peu d’émissions de radio consacrées au Blues. Cela ne nous offre pas la possibilité de développer le public Blues qui, là-bas, est en nette diminution. Mon groupe est constitué de jeunes musiciens (Jeff Henry à la basse et TC Markle à la batterie, Nda)  et, de ce fait, nous essayons de drainer et sensibiliser un public plus jeune.

Nous avons fait, dernièrement, 3 concerts dans un Festival  en plein air où le public était constitué de nombreux « kids ». J’aimerais que cela se généralise …

A l’enregistrement de combien de disques as-tu participé ?
J’ai enregistré de nombreuses sessions mais, malheureusement, toutes n’ont pas été éditées. En 2003 j’étais retourné à Chicago pour enregistrer avec un gars peu connu nommé Lacy Gibson  puis avec 5 ou 6 autres artistes dont Milton Houston, ce sont tous des anciens accompagnateurs de géants du Blues comme de JB Hutto ou Howlin’ Wolf.

J’espère un jour trouver un label, peut être européen, qui sera intéressé par ces bandes et qui nous permettra de les publier.
Je travaille actuellement avec Willie Pooch qui a été le bassiste de Magic Sam et qui a, également, accompagné Luther Allison. Ce gars est aussi un très bon chanteur, il vit à Colombus dans l’Ohio.

.Je peux aussi citer Elmore James Jr dont nous avons déjà parlé, Vernon Harrington qui est selon moi le dernier « guitar hero » du « West Side » à Chicago. C’est un cousin d’Eddy Clearwater et il est vraiment très bon…
J’ai, bien sûr, enregistré sous mon propre nom. Je ne suis pas distribué par une major mais par un petit label qui s’appelle Rib Tip Records.

Que penses-tu de l’accueil que tu as reçu, ici, en France ?
Je crois que j’ai ressenti une grande joie en voyant tous ces jeunes gens qui s’amusaient pendant nos concerts. Avec Elmore James Jr nous jouions dans des endroits où, à chaque fois, je voyais les jeunes garçons regarder attentivement comment nous pratiquions de la guitare et les jeunes filles danser comme des folles. Ils avaient, peut être, 16 ou 17 ans…
C’était vraiment « cool », on ne voit pas cela tous les jours aux USA…

C’est la première fois qu’Elmore et moi venons en Europe ensemble. Nous avons des projets de concerts en Angleterre mais la France est vraiment l’endroit idéal pour commencer.
Les gens, ici, sont tellement amicaux, avides de Blues et respectueux…
Je me répète mais c’est vraiment « cool » !

Justement, quels sont tes projets pour l’avenir ? »
J’aimerais enregistrer un disque en solo sur lequel je chanterai davantage, car je suis avant tout un guitariste. Je pense sortir cet album l’an prochain. Je veux prendre mon temps afin de réaliser les meilleures sessions possibles. J’aimerais le faire avec la crème des sessionmen de Los Angeles… Des gars qui ont participé à des disques de Van Morrison et de « pointures » comme cela…

Sinon mon projet immédiat est de poursuivre ma collaboration avec Elmore et de tourner avec lui…
J’espère continuer à beaucoup travailler et, éventuellement, rencontrer et faire un bout de chemin avec d’autres groupes.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Simplement que j’ai apprécié le fait de venir en France…
J’ai beaucoup aimé voir tous ces gens qui supportent la musique et le Blues.
Merci de nous avoir donné cette chance !

http://www.myspace.com/cadillaczackbluesband

Remerciements : Gwenaëlle Tranchant du service de presse du Cognac Blues Passions

 

 

 

 
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Les liens :

myspace.com/cadillaczackbluesband

Interview réalisée
au Festival
Cognac Blues Passions
le 25 Juillet 2008

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

 

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